« Trop d’élèves abandonnés, les enseignants à bout »

Au collège Aristide-Briand de Terrenoire, l’équipe éducative vient de voter une grève illimitée. Non par confort, mais par nécessité. Car derrière les murs, la situation n’est plus tenable : classes surchargées, absence criante de personnel, explosion des incivilités, décrochage scolaire en hausse. Trop de collègues s’épuisent, trop d’élèves sombrent.

L’établissement accueille 500 élèves, dont deux dispositifs ULIS, mais ne dispose que de cinq assistants d’éducation pour tout encadrer. Onze élèves en situation de handicap sont laissés sans accompagnant, malgré une notification officielle. La MDPH a validé leur droit à une AESH, mais les postes ne suivent pas.

Depuis la rentrée : 43 sanctions, six cas de harcèlement, deux conseils de discipline programmés en une seule semaine. L’année dernière déjà, 23 conseils de discipline avaient été convoqués. Les chiffres parlent : un climat scolaire qui se dégrade, des tensions qui explosent.


Dans les classes, la situation n’est guère meilleure : jusqu’à 30 élèves par niveau, alors que près de la moitié des 6e sont en difficulté sévère en français. Comment enseigner, comment accompagner, quand les moyens humains manquent à ce point ?

Les enseignants et personnels réclament simplement un minimum de dignité pour l’école : des AESH, des AED, des postes pour que l’inclusion, l’attention, l’autorité, ne soient plus des mots vides.

Le collège a alerté les familles, sollicité un rendez-vous avec l’inspection académique. La grève sera longue, préviennent-ils, si les réponses tardent. Car ce mouvement n’est pas un caprice. Il est l’expression d’un désarroi, d’un cri d’alarme : celui d’une école publique qui ne parvient plus à protéger ses élèves, ni ceux qui les font grandir.

Communiqué des enseignants :
Une très grande majorité du personnel Education nationale (enseignant-e-s, conseillère principale d’éducation, assistant-e-s d’élèves en situation de handicap et assistant-e-s d’éducation) du collège Aristide Briand, à Saint Etienne, a décidé, à partir de ce jour, d’entamer un mouvement de grève reconductible afin de dénoncer les conditions déplorables de travail pour les élèves et le personnel.

Les classes sont surchargées (30 élèves ou plus), ce qui ne permet pas la gestion de l’hétérogénéité, ni le suivi des élèves fragiles. Or, le niveau des élèves du collège est en baisse ; en 6ème, les évaluations nationales révèlent que 77% des élèves de l’établissement sont « fragiles » ou « en besoins » en maths, et ils sont 74% en français.

Quant aux élèves à besoins particuliers, ils sont de plus en plus nombreux, il leur manque plusieurs heures d’accompagnement, et un assistant d’élèves en situation de handicap (AESH) arrêté depuis un mois n’a pas été remplacé.

Du côté du personnel, seule une conseillère principale d’éducation (CPE) et cinq assistant-e-s d’éducation (AED) sont présent-e-s dans l’établissement, et leurs missions de prévention et d’éducation sont détournées de manière chronique pour gérer l’urgence disciplinaire.

En 2024, 245 sanctions disciplinaires (dont 23 conseils de discipline) et 58 faits établissements (portant atteinte aux valeurs de la République, aux personnes, à la sécurité ou au biens) ont été relevés.

Depuis le début de cette année scolaire, 51 sanctions disciplinaires ont déjà été prononcées (en 2024, à la même époque, il y en avait eu 30), et 6 situations de harcèlement. Deux conseils de discipline sont prévus prochainement, dont un pour fait de violence sur un membre du personnel.

Les demandes du personnel gréviste sont :
1 – La création immédiate d’un deuxième poste de CPE à temps plein.
2 – L’embauche urgente de 2 AED.
3 – L’octroi de moyens pour la rentrée 2026 pour la prévention du décrochage scolaire, l’amélioration du climat scolaire, et l’éducation à la citoyenneté.
4 – L’affectation immédiate d’un-e AESH supplémentaire et le remplacement de l’AESH en arrêt.
5 – Une affectation à temps plein d’un-e infirmièr-e.
6 – L’ouverture de classes supplémentaires de cinquièmes, quatrièmes et troisièmes à la rentrée 2026.
7 – Le classement de notre établissement en dispositif REP.

Voilà la raison pour laquelle nous avons décidé de débrayer en ce jour du 3 novembre 2025, et ce jusqu’à obtention des moyens supplémentaires réclamés. Tout a été fait pour que les élèves soient pris en charge et soient en sécurité.


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